[Interview] COQ Chapitre I : Yann Ichon (Bon Gamin)

Le 21 Juin prochain sortira "COQ (Chapitre I)", une petite compilation de rap français concoctée par nos soins, en sélectionnant de manière non exhaustive les artistes qui suscitent notre intérêt. On y retrouvera des exclus, des inédits ou des remixes, de quoi faire hocher les têtes durant l'été qui se profile...
Histoire de patienter, une série de courtes interviews vous permettra de découvrir certains des MCs ou beatmakers conviés. Jeune coq du jour: Yann Ichon du crew Bon Gamin.

STEREOTREE: Est-ce que tu peux nous faire une petite présentation de toi, ton parcours?...

YANN ICHON: On m’appelle Yann Ichon. J’ai commencé par raconter ma vie dans les expressions écrites, puis les dissert' à l’école. J’ai toujours voulu faire du son. Je suis passé par toutes les phases (hip hop mainstream, musique africaine, zouk, dancehall, electro, house, rock, pop, tout ce que vous voulez), je pense ressentir les émotions dans le son s'il est fait avec le cœur, quel que soit le genre musical et je pense même quelle que soit l’œuvre. J’ai donc commencé à chanter, puis j’ai rappé, j’ai même dansé. Mais je pense m’être trouvé dans le rap et je donnerai tout en vous offrant un minimum de deux albums parfaitement aboutis et conceptualisés. S'ils ne marchent pas, je me buterai. Pour moi je devrais pouvoir vivre de ma
musique et en tirer des bénéfices autres que financiers, surtout épanouissants, pouvant m’ouvrir d’autres portes pour continuer à créer.

STEREOTREE: Comment définirais-tu ton style, ton univers? Qu'est-ce que tu
souhaites amener?

YANN ICHON: Je ne sais pas si ce serait prétentieux que de me considérer "poète rappeur", je hais
les étiquettes mais c’est la seule qui ne me gênerait pas. J’aime que mes textes aient une profondeur et même parfois un triple sens. J’aime aussi que mes textes soient mélodieux, alors j’allie les deux techniques. Je ne suis qu’un simple rappeur au final. Mais avec cet engouement pour le rap, les gens auront tendance à confondre les vrais des faux, alors il faut absolument que les gens comprennent qui l’on est, avant même qu’ils n’entendent notre musique. Je n’ai pas attendu Rap Contenders pour me mettre à rapper ou pour
comprendre où j’allais. Je rap ma vie, c’est personnel, je livre tous mes rêves coquins. Je le fais naturellement, sans forcer, avec le cœur et je sais que c’est ce que je veux faire. Si les gens pouvaient tous s’asseoir et réfléchir à ce qu'ils veulent vraiment faire, pour eux, il y aurait déjà moins de conflits, moins de vols, moins de traîtrise et autres préjudices moraux. Je tente d’amener la sincérité sur terre, chose qui n’existe plus...

STEREOTREE: Quels sont tes influences? Tes derniers coups de coeur?

YANN ICHON: Comme je le disais, je suis passé par toutes les phases musicales. Je me prends plein de trucs différents. Je n’ai jamais été celui qui connaissait tout sur tout dans le son, je prenais ce qu’il y avait autour de moi sans jamais retenir le titre, ni l’interprète, mais la musique reste dans ma tête, l’univers, l’âme du morceau, l’énergie et l’ambiance vont influencer ma musique. Comme un autiste, j’écoute un morceau qui me plait pendant une semaine en mode repeat, je pense que mon cerveau fait le tri du bon et du mauvais et recrache ce qu’il a retenu lors de ma phase de création.
En rap français, je citerai Oxmo, Mc Solaar, Grems, Booba, Disiz et Loveni. Mais vraiment je
pense être un mix entre Oxmo et Solaar. Les cainris, eux, je vais m’en influencer pour leurs attitudes, flows et leurs prods, vu que je ne parle pas vraiment anglais. Je citerai donc Biggie, Tupac, Jay Z, Nas (haha). Plus sérieusement j’ai été influencé par les cainri à l’époque de ma jeunesse, ils me faisaient rêver dans leur clip et tout, mais en réalité je pense qu’en France ont a les moyens de les bouffer. Sinon, autre que rap, je m’inspire et aspire à faire évoluer mon genre musical, un peu comme Spleen. J’aime The do, Beck, Björk, Shlohmo, Francis Cabrel, Cocorosie, Ben Harper et surtout Portishead. Mes derniers coups de cœurs sont A$AP Rocky et Ferg, Sean Rose, Spaceghostpurrp, Myth Syzer, Loubensky, Jimmy Whoo, Hey Dreamers et Cœur.

STEREOTREE: Peux-tu nous parler de ton morceau qui figure sur la compilation?

YANN ICHON: Yes, "Galactik Kid". C’est un morceau produit par Myth Syzer. Il est présent sur le projet de Lov’ qui va sortir dans le mois. Quand j’ai entendu la prod', j’ai tout de suite accroché, il y a un vrai jeu, une vraie émotion, mais je ne savais pas du tout quoi faire dessus. Du coup, à force de l’écouter je ne me voyais plus trop poser dessus. Je n’assumais plus, la prod' est très chargé et est aussi très agréable sans MC dessus. J’avais un peu peur de faire n’importe quoi sur ce morceau auto-suffisant alors j’ai laissé parler ma plume vraiment comme on laisse parler une plume, haha! La prpd' parle d’elle même, il a suffit d’un déclic. Du coup je suis assez fier du résultat. Lov’, Syz’ et moi même avons la chance de s’être trouvés, on se complète tous avec des styles différents.

STEREOTREE: Quels sont tes différents projets à venir?

YANN ICHON : Je considère "Pur", l’EP de Loveni et Myth Syzer comme mon propre projet. Il arrive dans le mois avec d’autres clips en préparation. C’est le premier projet estampillé Bon Gamin alors il me tient beaucoup à cœur. Je suis aussi présent sur quatre morceaux, on pourra donc avoir un avant goût de ce que je suis capable de faire. Notre équipe est déjà entrain de bosser sur un plus gros projet d’une vingtaine de morceaux. Une mixtape Bon Gamin où vous pourrez apercevoir les différents acteurs de la famille. Je n’en dirais pas plus parce que nous somme encore en phase de conceptualisation. Même si une dizaine de morceaux sont déjà dans les starting blocks.
A titre personnel je me suis lancé dans une bataille avec moi même: réaliser un album. Un vrai album avec douze ou quatorze titres, trois couplets, trois refrains, de belles collaborations, en essayant de ne passer à coté d’aucun genre musical qui m’a justement inspiré depuis ma naissance. Pareil, je ne vous en dis pas plus, tant que je n’aurais pas plus de 60% du projet, et là, j’en suis à 20%. Je peux tout de même vous annoncer que c’est un livre de contes pour adulte avec des illustrations de RDLS.