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24/01/2012
[Interview] Dabaaz - Textes & textiles (2ème Partie)
Après une rétrospective détaillée sur son parcours dans la 1ère partie de cette interview, Dabaaz nous parle de son écriture, de ses influences, de ses coups de coeur et surtout de l'avenir!
STEREOTREE: Donc, 2012 semble être celle du véritable retour aux affaires avec la sortie d'un nouvel opus de Triptik. Peux tu nous en dire plus?...
DABAAZ: Exactement, on sort notre premier clip tous les trois, après 9 ans d'absence. On sort un EP en totale indépendance qu'on va tenter d'accompagner d'une tournée et d'un maximum de vidéos. Si on y arrive, alors ça sera déjà très bien, on va pousser ce projet du mieux possible malgré nos emplois du temps chargés. On continue les soirées Can I Kick It? avec MPC Prod. J'ai quelques morceaux solo à lâcher, j'ai fait aussi un titre avec Deen Burbigo et Esso (Cool Connexion) sur une prod. de Guillaume du groupe The Shoes, je suis assez content du mélange, le clip devrait arriver à la fin de l'hiver.
STEREOTREE: Peux-tu nous expliquer la façon dont vous travaillez à trois et en quoi vos parcours solo à chacun nourrissent la formule Triptik?...
DABAAZ: Pour l'instant on a avancé en pointillets, chacun faisait ses projets perso et on se retrouvait tous les mois pour avancer sur Triptik. Ça risque de foutre un peu le bordel si Triptik nous prend plus de temps une fois la tournée lancée, on composera, pour moi c'est une priorité. Chaque projet extérieur à Triptik élargit notre réseau et notre champ d'action, que ce soit les autres projets musicaux, les soirées ou les sapes. Tout va dans le même sens. C'est très nourrissant!
STEREOTREE: Concernant ton approche de l'écriture, on peut remarquer que tu ne cesses d'évoluer et, supposément, de te remettre en question, tant dans la forme que dans le fond. Tout d'abord, Peux-tu nous parler de ton flow et de ta technique, qui semblent tout les deux s'orienter vers une certaine épure?
DABAAZ: C'est vrai que je suis passé par pas mal de phases, et aujourd'hui j'essaye vraiment d'aller le plus loin possible dans les textes et d'épurer au maximum la forme. J'essaye d'être le plus précis et compréhensible possible, j'essaye d'aérer mon flow. Je m'autorise des petites fantaisies de temps en temps mais je préfère me concentrer sur un truc naturel, plus intemporel. J'ai besoin de faire un truc qui me ressemble, de dire des choses, j'essaye de me débarrasser de tous les artifices derrière lesquels on a souvent tendance à se cacher. J'écoute du rap tout le temps, je suis toujours fourré sur les sites cainri (Nahright, etc), Jay-Z est une source d'inspiration au même titre que Kendrick Lamar, j'écoute un peu de rap français, soit des classiques, soit des trucs du moment, ça m'influence aussi.
STEREOTREE: Ensuite, après des thèmes finalement assez "Hip Hop" abordés en groupe, et des thématiques plus éclectiques, personnelles et parfois légères sur ton solo, tu sembles aussi te diriger vers une nouvelle maturité dans tes textes, qui semblent emprunts d'un certain recul sur le milieu musical et la vie en général. Qu'est-ce qui te pousse à écrire aujourd'hui?
DABAAZ: Ce qui m'intéresse dans le fait de continuer le rap à 35 ans, c'est de raconter mon quotidien, c'est un truc qui manque dans le rap français: des gars de mon âge qui parle de paternité, de couple, de fonsdé, de tentations, etc. J'essaye de me débarrasser des thématiques de base du rap pour aller vers quelque chose de plus personnel, de plus vrai. Ma vie ne ressemble plus du tout à celle d'un rappeur. Je ne suis pas sur la route, je ne passe pas mes nuits en studio, je ne vais pas voir beaucoup de concerts. Effectivement je préfère rester en recul, j'ai passé l'âge de traîner en bande. J'ai la chance de bosser avec mes potes et de pouvoir me lâcher une ou deux fois par mois, rencontrer les gens qui m'écoutent dans nos teufs ou nos concerts, c'est déjà très bien.
STEREOTREE: J'aimerais revenir sur ton track "Ça Fait Un Bail". Très remarqué, il est pour moi un véritable ovni dans le paysage, la maturité et le recul dont tu fais preuve sont rares, mais au delà de ça, le fait d'assumer tes failles et faiblesses relève d'une posture qui se situe aux antipodes de l'attitude plutôt arrogante du MC en général. Et pourtant ce track fait l'unanimité ou presque, t'y attendais-tu en l'écrivant? Comment considères-tu ce morceau?
DABAAZ: Je savais que j'étais allé le plus loin possible pour moi. C'est cliché de dire ça, mais je devais m'affronter. Je n'ai réussi à finir ce texte que quand ça allait mieux, je ne pouvais pas finir sans une note d'espoir. Le deux premiers couplets racontent exactement l'état d'esprit et l'état des lieux en 2009. J'ai été le plus clair et le plus franc possible, je me suis débarrassé des artifices "rap" dans l'image, et ça a plu, les gens se sont reconnus. Maintenant, ça m'a ouvert l'esprit, c'est dans cette démarche que je me sens le mieux quand je suis en solo. Raconter ma vie.
STEREOTREE: Peux-tu nous évoquer un peu les artistes qui t'ont influencé "à l'époque" et ceux qui te font vibrer en ce moment et pourquoi?
DABAAZ: Alors, en français, il y a NTM, Akhenaton, les Sages Po', La Cliqua, Time Bomb, Moudjad... Et en rap cainri, Jay Z, Wu-Tang, Boot Camp Click, Dip Set... En ce moment, je suis de près des nouveaux comme Kendrick Lamar, Smoke DZA, Action Bronson, Jay Electronica et toujours les anciens comme Jay-Z, Slick Rick ou Clipse (enfin Pusha T). J'aime aussi les gars plus actuels comme les Cool Kids, Pac Div, A$AP et compagnie...
STEREOTREE: Tu as été à la fois un acteur et un spectateur privilégié de la renaissance du rap français observée en 2011, quel est ton regard là-dessus et en quoi celà nourrit-il ou non ton processus créatif? Quels artistes semblent les plus prometteurs à tes yeux?...
DABAAZ: C'est vrai que depuis que je travaille Chez QHUIT, je recommence à croiser des rappeurs (nouveaux et anciens). Ça me fait du bien parce qu'entre 2007 et 2010, je ne croisais plus grand monde (trop de taf, plus le temps de trainer dans les open mic et les radios) et surtout tout le monde s'en branlait du rap français! Depuis que je suis aux Abbesses, on organise des apéros, des évènements et j'ai donc revu pleins de têtes. Avec Poyz&Pirlz, on avait déjà commencé les soirées depuis 2008, j'y ai vu débarquer une nouvelle génération de rappeurs. Les premiers que j'ai rencontré c'était Cool Connexion, j'étais choqué! Ahah! Je découvrais des gars qui avaient plus de 10 ans de moins que moi et qui rappaient dans un style encore plus old school que lorsqu'on a commençé à rapper y'a plus de 15 ans. La boucle était bouclée, j'étais ému, c'était beau de voir qu'en France, notre génération avait laissé un héritage. A l'époque, j'étais assez blasé par le rap jeu, j'avais vu tout ce qu'on avait construit fin des 90's/début 2000 s'effondrer. Le fait de revoir l'engouement des plus jeunes, d'abord pour Sexion d'Assaut, puis Rap Contenders, puis 1995, puis à toute l'histoire du rap français m'a redonné de l'espoir. Ça m'influence forcément mais je suis vraiment rivé sur le rap américain, voire légèrement bloqué, ahah!
La nouvelle scène est surproductive, je ne peux pas vivre comme eux, je n'ai plus 20 ans. Par contre, je kiffe les regarder évoluer, un peu comme si c'était mes ptits cousins, mes fils, ahah! Je suis fan en vrai. Je pense que Cool Connexion, 1995, 3010, A2H, Bon Gamin, Deen Burbigo on les armes pour aller très loin. Y'a aussi des anciens qui ne sont jamais partis ou qui reviennent lourd: JL, Oxmo, Seär, Rocé, etc...
STEREOTREE: Pour rester dans le sujet, peux-tu nous parler un peu plus du concept Can I Kick It? et de ton rôle là-dedans?
J'ai eu l'initiative de faire un concert géant de rap français (5h de show) à notre sauce, après avoir croisé et recroisé toutes ces têtes du rap français, après avoir organisé avec David de MPC Prod. des dizaines de soirées Poyz&Pirlz, je me suis dit que ça serait beau que les nouveaux et les anciens partagent la scène dans une ambiance un peu différente de ce qui s'était fait dans le genre jusqu'à présent. J'ai un rôle de directeur artistique et d'organisateur (que je partage avec Greg, Drixxxé, David de MPC Prod. et Sam Rixon).
Avec Sam, on a mis en place la charte graphique et le système de freestyles video teasers (on n'a rien inventé d'ailleurs, j'ai été directement influencé par ce que faisaient Creative Control ou des magazines comme XXL aux Etats-Unis.)
Le jeu des vidéos teasers à bien marché, la première soirée a été un succès. On l'a fait au bon moment je pense, tout le monde était prêt, les jeunes, les vieux et le public. On en a fait une autre six mois après, gros succès mais trop de groupes, trop de monde, trop petite salle. On réfléchit pour améliorer ça à la prochaine. Je continue à guetter les nouveautés rap français, je découvre pas mal de bons trucs. On essaye de faire des plateaux cohérents. Mélanger au maximum les générations, les styles et les niveaux de notoriété dans une certaine harmonie. Ça fait toujours plaisir de se réunir entre artistes qui s'apprécient devant une audience bouillante!
STEREOTREE: D'un point de vue extérieur, Triptik et donc toi par extension, était un représentant solide d'un certain Boom Bap, héritier du son indé New-Yorkais par excellence. Aujourd'hui, après vos escapades solo, force est de constater que c'est finalement loin d'être le cas. Comment vis-tu et arrives-tu à faire la passerelle entre tes différents publics?
DABAAZ: LeTriptik cuvée 2012 ressemble beaucoup à Triptik en 2003. Tout ce qu'on a pu faire avant en solo ou en feat. est très différent de ce que Triptik est en train de faire. Les gens sont assez ouverts, plus qu'il y a dix ans, je trouve. On aura le public qu'on méritera. Mais on a toujours fait des passerelles en terme de public, je pense qu'il sera de plus en plus mélangé avec ce qu'on s'apprête à sortir.
STEREOTREE: Hormis Triptik, peut-on s'attendre à plus de Dabaaz sur disque cette année, peut-être même un solo?
DABAAZ: Oui, mais la priorité étant Triptik, les sorties solo seront plus espacées, un clip solo tous les deux mois serait parfait. Je pense que je vais y arriver, ahah! Mais pas de disque prévu pour l'instant...
STEREOTREE: Depuis le temps, tu as pu collaboré avec un certain nombre d'artistes, mais y a t'il des noms avec lesquels tu aimerais réellement bosser, et pourquoi?
DABAAZ: Je penserais aux collaborations plus tard, j'ai beaucoup à faire avec Triptik et en solo!
STEREOTREE: Tu es connu pour ton travail en tant que cover artist (Onra & Byron, Bunzen, Triptik...), graphiste et créateur (Poyz&Pirlz). Je suis assez curieux de connaître ton point de vue sur l'importance du visuel et des pochettes dans la musique et peut-être celles qui t'ont le plus marqué?
DABAAZ: C'est très important le visuel ! Ça fait parti de ce que montre en premier un artiste: sa gueule ou un artwork. Donc, en vrac: les pochettes de labels comme BBE, Rawkus, Stones Throw, Espionnage, des artistes comme Akroe, So Me, Alex Wise, Arthur King & 360. Enfin y'en a tellement, c'est difficile...
STEREOTREE: Le mot de la fin?...
DABAAZ: "On va s'éclater !" Ahahah!
STEREOTREE: Donc, 2012 semble être celle du véritable retour aux affaires avec la sortie d'un nouvel opus de Triptik. Peux tu nous en dire plus?...
DABAAZ: Exactement, on sort notre premier clip tous les trois, après 9 ans d'absence. On sort un EP en totale indépendance qu'on va tenter d'accompagner d'une tournée et d'un maximum de vidéos. Si on y arrive, alors ça sera déjà très bien, on va pousser ce projet du mieux possible malgré nos emplois du temps chargés. On continue les soirées Can I Kick It? avec MPC Prod. J'ai quelques morceaux solo à lâcher, j'ai fait aussi un titre avec Deen Burbigo et Esso (Cool Connexion) sur une prod. de Guillaume du groupe The Shoes, je suis assez content du mélange, le clip devrait arriver à la fin de l'hiver.
STEREOTREE: Peux-tu nous expliquer la façon dont vous travaillez à trois et en quoi vos parcours solo à chacun nourrissent la formule Triptik?...
DABAAZ: Pour l'instant on a avancé en pointillets, chacun faisait ses projets perso et on se retrouvait tous les mois pour avancer sur Triptik. Ça risque de foutre un peu le bordel si Triptik nous prend plus de temps une fois la tournée lancée, on composera, pour moi c'est une priorité. Chaque projet extérieur à Triptik élargit notre réseau et notre champ d'action, que ce soit les autres projets musicaux, les soirées ou les sapes. Tout va dans le même sens. C'est très nourrissant!
STEREOTREE: Concernant ton approche de l'écriture, on peut remarquer que tu ne cesses d'évoluer et, supposément, de te remettre en question, tant dans la forme que dans le fond. Tout d'abord, Peux-tu nous parler de ton flow et de ta technique, qui semblent tout les deux s'orienter vers une certaine épure?
DABAAZ: C'est vrai que je suis passé par pas mal de phases, et aujourd'hui j'essaye vraiment d'aller le plus loin possible dans les textes et d'épurer au maximum la forme. J'essaye d'être le plus précis et compréhensible possible, j'essaye d'aérer mon flow. Je m'autorise des petites fantaisies de temps en temps mais je préfère me concentrer sur un truc naturel, plus intemporel. J'ai besoin de faire un truc qui me ressemble, de dire des choses, j'essaye de me débarrasser de tous les artifices derrière lesquels on a souvent tendance à se cacher. J'écoute du rap tout le temps, je suis toujours fourré sur les sites cainri (Nahright, etc), Jay-Z est une source d'inspiration au même titre que Kendrick Lamar, j'écoute un peu de rap français, soit des classiques, soit des trucs du moment, ça m'influence aussi.
STEREOTREE: Ensuite, après des thèmes finalement assez "Hip Hop" abordés en groupe, et des thématiques plus éclectiques, personnelles et parfois légères sur ton solo, tu sembles aussi te diriger vers une nouvelle maturité dans tes textes, qui semblent emprunts d'un certain recul sur le milieu musical et la vie en général. Qu'est-ce qui te pousse à écrire aujourd'hui?
DABAAZ: Ce qui m'intéresse dans le fait de continuer le rap à 35 ans, c'est de raconter mon quotidien, c'est un truc qui manque dans le rap français: des gars de mon âge qui parle de paternité, de couple, de fonsdé, de tentations, etc. J'essaye de me débarrasser des thématiques de base du rap pour aller vers quelque chose de plus personnel, de plus vrai. Ma vie ne ressemble plus du tout à celle d'un rappeur. Je ne suis pas sur la route, je ne passe pas mes nuits en studio, je ne vais pas voir beaucoup de concerts. Effectivement je préfère rester en recul, j'ai passé l'âge de traîner en bande. J'ai la chance de bosser avec mes potes et de pouvoir me lâcher une ou deux fois par mois, rencontrer les gens qui m'écoutent dans nos teufs ou nos concerts, c'est déjà très bien.
STEREOTREE: J'aimerais revenir sur ton track "Ça Fait Un Bail". Très remarqué, il est pour moi un véritable ovni dans le paysage, la maturité et le recul dont tu fais preuve sont rares, mais au delà de ça, le fait d'assumer tes failles et faiblesses relève d'une posture qui se situe aux antipodes de l'attitude plutôt arrogante du MC en général. Et pourtant ce track fait l'unanimité ou presque, t'y attendais-tu en l'écrivant? Comment considères-tu ce morceau?
DABAAZ: Je savais que j'étais allé le plus loin possible pour moi. C'est cliché de dire ça, mais je devais m'affronter. Je n'ai réussi à finir ce texte que quand ça allait mieux, je ne pouvais pas finir sans une note d'espoir. Le deux premiers couplets racontent exactement l'état d'esprit et l'état des lieux en 2009. J'ai été le plus clair et le plus franc possible, je me suis débarrassé des artifices "rap" dans l'image, et ça a plu, les gens se sont reconnus. Maintenant, ça m'a ouvert l'esprit, c'est dans cette démarche que je me sens le mieux quand je suis en solo. Raconter ma vie.
STEREOTREE: Peux-tu nous évoquer un peu les artistes qui t'ont influencé "à l'époque" et ceux qui te font vibrer en ce moment et pourquoi?
DABAAZ: Alors, en français, il y a NTM, Akhenaton, les Sages Po', La Cliqua, Time Bomb, Moudjad... Et en rap cainri, Jay Z, Wu-Tang, Boot Camp Click, Dip Set... En ce moment, je suis de près des nouveaux comme Kendrick Lamar, Smoke DZA, Action Bronson, Jay Electronica et toujours les anciens comme Jay-Z, Slick Rick ou Clipse (enfin Pusha T). J'aime aussi les gars plus actuels comme les Cool Kids, Pac Div, A$AP et compagnie...
STEREOTREE: Tu as été à la fois un acteur et un spectateur privilégié de la renaissance du rap français observée en 2011, quel est ton regard là-dessus et en quoi celà nourrit-il ou non ton processus créatif? Quels artistes semblent les plus prometteurs à tes yeux?...
DABAAZ: C'est vrai que depuis que je travaille Chez QHUIT, je recommence à croiser des rappeurs (nouveaux et anciens). Ça me fait du bien parce qu'entre 2007 et 2010, je ne croisais plus grand monde (trop de taf, plus le temps de trainer dans les open mic et les radios) et surtout tout le monde s'en branlait du rap français! Depuis que je suis aux Abbesses, on organise des apéros, des évènements et j'ai donc revu pleins de têtes. Avec Poyz&Pirlz, on avait déjà commencé les soirées depuis 2008, j'y ai vu débarquer une nouvelle génération de rappeurs. Les premiers que j'ai rencontré c'était Cool Connexion, j'étais choqué! Ahah! Je découvrais des gars qui avaient plus de 10 ans de moins que moi et qui rappaient dans un style encore plus old school que lorsqu'on a commençé à rapper y'a plus de 15 ans. La boucle était bouclée, j'étais ému, c'était beau de voir qu'en France, notre génération avait laissé un héritage. A l'époque, j'étais assez blasé par le rap jeu, j'avais vu tout ce qu'on avait construit fin des 90's/début 2000 s'effondrer. Le fait de revoir l'engouement des plus jeunes, d'abord pour Sexion d'Assaut, puis Rap Contenders, puis 1995, puis à toute l'histoire du rap français m'a redonné de l'espoir. Ça m'influence forcément mais je suis vraiment rivé sur le rap américain, voire légèrement bloqué, ahah!
La nouvelle scène est surproductive, je ne peux pas vivre comme eux, je n'ai plus 20 ans. Par contre, je kiffe les regarder évoluer, un peu comme si c'était mes ptits cousins, mes fils, ahah! Je suis fan en vrai. Je pense que Cool Connexion, 1995, 3010, A2H, Bon Gamin, Deen Burbigo on les armes pour aller très loin. Y'a aussi des anciens qui ne sont jamais partis ou qui reviennent lourd: JL, Oxmo, Seär, Rocé, etc...
STEREOTREE: Pour rester dans le sujet, peux-tu nous parler un peu plus du concept Can I Kick It? et de ton rôle là-dedans?
J'ai eu l'initiative de faire un concert géant de rap français (5h de show) à notre sauce, après avoir croisé et recroisé toutes ces têtes du rap français, après avoir organisé avec David de MPC Prod. des dizaines de soirées Poyz&Pirlz, je me suis dit que ça serait beau que les nouveaux et les anciens partagent la scène dans une ambiance un peu différente de ce qui s'était fait dans le genre jusqu'à présent. J'ai un rôle de directeur artistique et d'organisateur (que je partage avec Greg, Drixxxé, David de MPC Prod. et Sam Rixon).
Avec Sam, on a mis en place la charte graphique et le système de freestyles video teasers (on n'a rien inventé d'ailleurs, j'ai été directement influencé par ce que faisaient Creative Control ou des magazines comme XXL aux Etats-Unis.)
Le jeu des vidéos teasers à bien marché, la première soirée a été un succès. On l'a fait au bon moment je pense, tout le monde était prêt, les jeunes, les vieux et le public. On en a fait une autre six mois après, gros succès mais trop de groupes, trop de monde, trop petite salle. On réfléchit pour améliorer ça à la prochaine. Je continue à guetter les nouveautés rap français, je découvre pas mal de bons trucs. On essaye de faire des plateaux cohérents. Mélanger au maximum les générations, les styles et les niveaux de notoriété dans une certaine harmonie. Ça fait toujours plaisir de se réunir entre artistes qui s'apprécient devant une audience bouillante!
STEREOTREE: D'un point de vue extérieur, Triptik et donc toi par extension, était un représentant solide d'un certain Boom Bap, héritier du son indé New-Yorkais par excellence. Aujourd'hui, après vos escapades solo, force est de constater que c'est finalement loin d'être le cas. Comment vis-tu et arrives-tu à faire la passerelle entre tes différents publics?
DABAAZ: LeTriptik cuvée 2012 ressemble beaucoup à Triptik en 2003. Tout ce qu'on a pu faire avant en solo ou en feat. est très différent de ce que Triptik est en train de faire. Les gens sont assez ouverts, plus qu'il y a dix ans, je trouve. On aura le public qu'on méritera. Mais on a toujours fait des passerelles en terme de public, je pense qu'il sera de plus en plus mélangé avec ce qu'on s'apprête à sortir.
STEREOTREE: Hormis Triptik, peut-on s'attendre à plus de Dabaaz sur disque cette année, peut-être même un solo?
DABAAZ: Oui, mais la priorité étant Triptik, les sorties solo seront plus espacées, un clip solo tous les deux mois serait parfait. Je pense que je vais y arriver, ahah! Mais pas de disque prévu pour l'instant...
STEREOTREE: Depuis le temps, tu as pu collaboré avec un certain nombre d'artistes, mais y a t'il des noms avec lesquels tu aimerais réellement bosser, et pourquoi?
DABAAZ: Je penserais aux collaborations plus tard, j'ai beaucoup à faire avec Triptik et en solo!
STEREOTREE: Tu es connu pour ton travail en tant que cover artist (Onra & Byron, Bunzen, Triptik...), graphiste et créateur (Poyz&Pirlz). Je suis assez curieux de connaître ton point de vue sur l'importance du visuel et des pochettes dans la musique et peut-être celles qui t'ont le plus marqué?
DABAAZ: C'est très important le visuel ! Ça fait parti de ce que montre en premier un artiste: sa gueule ou un artwork. Donc, en vrac: les pochettes de labels comme BBE, Rawkus, Stones Throw, Espionnage, des artistes comme Akroe, So Me, Alex Wise, Arthur King & 360. Enfin y'en a tellement, c'est difficile...
STEREOTREE: Le mot de la fin?...
DABAAZ: "On va s'éclater !" Ahahah!
Article Rédigé et Publié par Rip Laimbeer à 19:53
Libellés : 1995, 3010, a2h, bon gamin, can i kick it, cool connexion, dabaaz, deen burbigo, drixxxé, esso, interview, poyz and pirlz, triptik
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