[Chronique] Jamie Lidell - Compass (2010)

Genre: Soul/Pop/Rock
Label: Warp
Date de sortie: Juin 2010
Productions: Jamie Lidell, Gonzales, Beck, Chris Taylor, Pat Sansone.
Featurings: Feist

Tantôt génial, notamment avec ses deux premiers albums solo et son duo avec Cristian Vogel, tantôt bien trop fainéant, Jamie Lidell a réussi l’étrange exploit de nous rendre méfiant à l’égard de sa musique malgré son indéniable talent. Le voici arrivé avec un nouvel album,"Compass", qui promet un retour à l’audace et à l’expérimentation. Nonobstant cette (très) alléchante publicité, l’enthousiasme se veut plutôt timoré, le pétard mouillé pouvant parfaitement s'envisager.

Fort heureusement pour nous, le sieur Lidell en a encore là où il faut, et démontre avec cet album qu’il n’est en rien à court d’idées. En étant bien épaulé pour l’occasion par une fine équipe composée de producteurs et de musiciens talentueux comme Beck, Chris Taylor (Grizzly Bears), ou encore le polyvalent berlinois Gonzales.

On retrouve donc ici un efficace et remuant mélange entre Pop, Rock, Soul et Electronica. Les riffs de guitares funky affluent au milieu de rythmiques hybrides et de mélodies épurées. Un joli éventail d’ambiances où les genres musicaux s’entremêlent joyeusement. Avec, pelle mêle, des ballades envoutantes et aventureuses à souhait comme "I Can Love Again", "She Needs Me" et "It’s a Kiss", faisant le grand pont entre la Motown et le son de Sheffield. Quelques compositions plus Pop et très beckienne, comme "Gypsy Blood" ou "The Ring". Ou quelques tracks plus groovy, comme la jouissive "I Wanna Be Your Telephone", où Jamie invoque magnifiquement l’esprit princien, qui reste tout de même la composition la plus explosive de cette livraison.

D’un point de vue vocal, l’un des grands atouts du bonhomme, rappelons le, tout est encore une fois remarquable, tant il parvient à déployer une énergie toujours aussi communicative, sans pour autant tomber dans la surenchère et le ridicule. Jamie possédant effectivement un timbre de voix très Soul, couplé à une fougue absolument démoniaque. Le groove à l’état pur, en d’autres termes.

Ceci dit, Lidell n’atteint pas ici l’absolue fraicheur de son LP "Multiply", qui faisait magnifiquement la jonction entre la Soul vintage et l’avant gardisme le plus absolue, mais parvient tout de même à délivrer une œuvre variée et audacieuse juste ce qu'il faut. Une bien bonne sortie estivale, en gros.