[Chronique] Crookers - Tons Of Friends (2010)

Genre: Mainstream métissé
Label: 3éme Bureau
Date de sortie: Mars 2010
Productions: Crookers.
Featurings: . Soulwax, Kelis, Will.I.Am, Spank Rock, Kid Cudi, Roisin Murphy, Major Lazer, Pitbull, Miike Snow, Kardinal Offishal etc.

De prime abord, les Crookers se présentent clairement comme la figure de proue de la turbine berlusconienne, musique par définition grasse et indigeste, à l’image des infâmes Bloody Betroots. Hors, et comme ces derniers (avec une sympathique collaboration avec J*Davey au compteur), cet autre duo italien fait parfois preuve d’un bon goût tout à fait surprenant et parfaitement appréciable. On a ainsi observé la présence de deux remix surpuissants pondus respectivement par Hudson Mohawke et Rustie sur les deux derniers maxis du groupe.

Sans cacher ses velléités de mélanger les genres, démarche qui ne peut qu’être parfaitement louable et intéressante, les deux hommes peuvent ils néanmoins prétendre faire partie des meilleurs du genre à l’heure actuelle ?
Malgré une certaine curiosité, la prudence est tout de même de mise lors d’appréhender leur premier album, intitulé "Tons Of Friends", qui contient, comme son nom l’indique judicieusement, une tonne d’invités plus ou moins réjouissants.

On s’aventure donc courageusement dans ce long format, et, passé le choque d’une pochette colorée assez suspecte, on s’aperçoit que certains de ces "friends" sont vraiment les bienvenus et inspirent clairement les deux italiens. Comme Soulwax, sur l’excellente "We Love Animals", une vibrante envolée Pop psychée et brutale digne d’un Joakim, l’instable Kelis, avec la surpuissante bombe dubstep "No Security", le populacier mais talentueux Will.I.Am avec la tonique "Let’s get Beezy" ou encore la toujours superbe Roisin Murphy (ex Moloko) sur les deux petits tubes Electro Pop "Hold Up Your Hands" et "Royal". On trouvera également le duo salace Spank Rock sur la minimale "Park The Truk", et le hypissime Kid Cudi, qui doit d'ailleurs une partie de son succès aux deux italiens et à leur insupportable remix de "Day' N Night", sur la sympathique "Embrace The Martian". Autant de productions plutôt originales et recherchées, à mille lieux des habituelles sonorités mainstream faciles et indésirables.

Hélas pour nos tympans, les deux gaillards s’égarent également dans des ambiances beaucoup plus putassières sur une bonne partie de l’album, avec des titres qui sentent bon le carton FM pour les masses, et surtout la solide cure de paracétamol pour les autres. On citera ainsi les horripilantes envolées ragga de "Jump Up", "Arena" ou "Natural Born Hustler". Entre autres compositions destinées à enflammer les dancefloor pseudo branchés de Rimini à Ibiza.

Pas de quoi se réjouir outre mesure à l’écoute de ce premier album bigarré et opulent, donc, même si le duo transalpin se montre capable de quelques fulgurances notables, à mi chemin entre Electro, Hip Hop et Dubstep totalement burné.
Les Crookers tentent donc vainement de manger à tous les râteliers, avec un style métissé au maximum, mais manquant clairement de constance et d'unicité.
Ceci dit, on s’éloigne enfin un peu du style post-Ed Banger aux basses compressées dans le genre Électro mainstream, et ça, ce n’est déjà si pas mal.