[Chronique] Gonjasufi - A Sufi and a Killer (2010)

Genre: Pop/Rock Mystique
Label: Warp
Date de sortie: Mars 2010
Productions: Flying Lotus, The Gaslamp Killer, Mainframe.
Featurings: /.

Découvert sur l’album "Los Angeles" de Flying Lotus grâce à une prestation vocale très chamanique, Gonjasufi s’est vite imposé comme un artiste mystérieux mais terriblement prometteur. Il n’a ainsi pas fallu très longtemps au label anglais Warp pour proposer au bonhomme de sortir un premier long format. Et voici donc "A Sufi and a Killer", produit par l’inévitable Lotus Volant, mais aussi par Gaslamp Killer et Mainframe. Autrement dit, la crème de la crème de la nouvelle génération des producteurs d'Abstract Hip Hop californiens.

Que dire, si ce n’est que le trio offre à Gonjasufi une riche et fascinante galette aux courtes productions crasseuses et enfumées, entre Rock psyché très 70’s, Nu Hip Hop torturé et Folk perché.
On est d’abord toujours aussi secoué par le timbre de voix de Gonja, ténébreux et fragile, toujours à la limite de la justesse, qui prend aux tripes systématiquement. Un peu comme un mélange improbable entre Horace Andy et Gil-Scott Heron. Le tout servi par des lyrics décalés et inspirés. Comme en atteste, parmi des exemples ici très nombreux, l'envoutante et métaphysique "Sheep", où notre homme chantonne curieusement "I Wish I Was a Sheep / Instead I’m a Lion ". Et, c’est surtout de part des choix musicaux audacieux et perchés que l’on est séduit comme jamais. Car ce "A Sufi And A Killer" est certainement l’une des plus intrigantes expériences musicales que l’on a pu connaitre ces derniers temps.

Flying Lotus, tout d’abord, même s’il n’est pas le plus présent ici, effectue un brillant travail, avec notamment la sublime et brumeuse "Ancestors" (qui rappelle un peu ce qu’avais fait Madlib pour Dudley "Declaime" Perkins il y a quelques années sur "A Lil Light"), où l’alchimie entre les deux hommes se veut parfaitement diabolique. Le méconnu (mais génial) Gaslamp Killer et Mainfraime ne sont pas en reste, et livrent , comme à leurs habitudes, des productions riches en samples poussiéreux et psychédéliques d'influences aussi bien orientales qu'amérindiennes. On n’est parfois non loin de la maladresse là encore, voir même du sampling copié/collé brutale, mais c’est bien tout ce qui fait le charme fou et mystérieux de ce premier opus. Citons ainsi, pêle-mêle, des titres forts, tantôt épiques, funky ou mélancoliques, comme "Dust", "Sheep", "Kowboyz & Indians", "Change", "Candylane", ou encore "Made". Même si il apparait nécessaire de souligner avec insistance que le tout s'écoute et se perçoit avant tout d'une traite, une seule.

Varié mais homogène, surprenant et jouissif, "A Sufi And A Killer" tient donc toutes ses promesses. Gonjasufi réussi un premier opus riche et mystique à souhait, aux influences pointues et variées, ce qui ne le rend peut être pas forcément très accessible, mais parfaitement prenant.