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29/04/2010

[Chronique] Flying Lotus - Cosmogramma (2010)


Genre: Nu Hip Hop/Free Jazz
Label: Warp
Date de sortie: Mai 2010
Productions: Flying Lotus
Featurings: Thundercat, Dorian Concept, Laura Darlington, Thom Yorke, Ravi Coltrane
.

Alors qu’il se positionne clairement comme l’emblème de la mouvance Abstract Hip Hop nouvelle génération, aussi inspirée par les travaux aventureux de Dabrye, Prefuse 73 que ceux de feu J Dilla, Flying Lotus a cependant un peu peiné à convaincre pleinement sur son long format précédent. Plus à leurs avantages sur des œuvres courtes, ses riches et complexes compositions y ont eu un peu de mal à coexister.
Le néanmoins génial producteur revient donc ce mois ci avec "Cosmogramma", attendu logiquement comme le messie par tous les fans du genre. Le lotus volant a-t il enfin réussi un opus parfaitement digeste?

De prime abord, le tout semble plutôt bruyant et très déconstruit. Mais Steven Ellison, de son vrai nom, repousse en vérité ici encore plus loin les limites de sa musique, et va bien au-delà des beats post-Dilla compressés. Et ce, pour notre plus grand plaisir, avouons le.

Plus acoustique et psychédélique que jamais (on notera par ailleurs avec insistance les participations remarquables et récurrentes de Thundercat à la basse et Dorian Concept aux keys, notamment), la production est ici complètement hallucinée et hallucinante. Le format beat tape cosmique (dont il fut un des premiers artisans) est ici complètement révolu. Les textures sonores sont plus vivantes, et la boucle basique se voit complètement réinventée. Le lotus vole ici bien au dessus du carcan Hip Hop dans lequel on l’avait pourtant vu évolué au départ. On est ainsi très clairement impressionné par la puissance mélodique de chacune des compositions, riches en nappes mélancoliques, en ligne de basses distordues et en sonorités bleepées en tout genres.
Nombreuses sont ainsi les perles qui viennent nous claquer les tympans, et citons, parmi d’autres "Galaxi in Janaki", "Zodiac Shit", "Satellit", "Recoiled", "German Haircut", "Compuiter Face/Pure Being" et ses synthés épiques, ou encore la superbe "Dance Of The Pseudo Nymph", et sa monté de synthé absolument démoniaque. On n’a donc plus ici de simples beats Nu Hip Hop, mais bien un hybride entre Free Jazz, Hip Hop et Electronica. Un peu comme si Sun Ra, Daedelus et Jay Dee fusionnaient dans le cosmos. Et quand le californien se décide à aller vers une rythmique un peu plus binaire, il touche véritablement au sublime, et cela donne au passage l’un de ses meilleurs titres jamais produit, le démentiel "Do The Astral Plane".

La majorité des productions étant vierges de toutes apparitions vocales, on s’attardera comme il se doit sur les rares guests de cet album, que sont la toujours aussi envoutante Laura Darlington, qui fait décidément des merveilles sur chaque collaboration avec Fly Lo ("Table Tennis"), le bassiste et chanteur Thundercat, qui illumine la si envoutante "Mmmhmm", et l’emblématique leader de Radiohead Thom Yorke qui, bien qu’assez discret, sublime la minimaliste mais terrible "And The World Laughs With You". On est par conséquent un peu déçu de voir toujours si peu d’intervenant au chant, tant cela a toujours magnifié et inspiré la musique du petit génie de L.A.

Ceci étant dit, on ne pourra s’empêcher de reprocher également au producteur californien le côté très abstrait et parfois (trop) foutraque de sa musique, qui n’est que plus exacerbé ici, et qui rebutera très certainement les auditeurs de la première heure et des Beat Tape Hip Hop clapés. Ce qui n’est pas forcément un mal en soi non plus, très clairement.

Puissant et captivant de bout en bout, "Cosmogramma" est en définitive un fascinant voyage au sein d’un esprit terriblement fertile, complexe et mature. Le Lotus y décloisonne les genres musicaux, livrant ainsi l’album parfaitement bien dosé que l’on attendait de lui. Et probablement l'une des premières œuvres majeures du début des années 2010.
Ainsi, à l’image d’un certains James Yancey, il fait progresser continuellement sa musique, et l'on se met clairement à fantasmer pour ses projets futurs, surtout lorsqu'on sait que le jeune homme avoue vouloir produire des artistes de la trempe de Bjork.

Longue vie, Monsieur Ellison!

3 commentaires:

Weirdbrowser a dit…

On a à peu près ressenti les mêmes choses, plutôt pertinent ce que tu racontes ... au fait pendant la Brainfeeder Radio, FlyLo a débuté son set par une compo (?) en ft. avec Björk du meilleur goût ! Je pense que Steven n'a pas finit de nous rendre dingue ... ++

Unknown a dit…

Chronique bien foutue qui retranscrit plus ou moins ce que j'ai ressenti dès la première écoute...

Onelight a dit…

Merci bien, messieurs-dames!