[Interview] Débruit - Beat Débridé

Vos articulations frémissent, votre nuque se met à vaciller violemment et vos sens s'émoustillent ? C’est que vous venez probablement d’écouter un morceau de Débruit. Ce producteur hexagonal, découvert notamment grâce à ses premières sorties sur le label Musique Large, s’est petit à petit imposé comme l’un des plus singuliers à l’heure actuelle. Alors qu’il prépare actuellement son premier album chez les anglais de Civil Music, il a accepté de grimper un moment dans nos branchages pour une petite séance de questions. Rencontre;


STEREOTREE : Salut, Débruit ! Bon, pour commencer, pourrais-tu te présenter un peu, pour les gens qui ne te connaitraient pas ?

DEBRUIT : Je suis Débruit, je vis sur terre, j'apprécie l'azote qui m'aide à respirer. Je suis dans l'ordre chercheur, musicien, producteur et parfois trouveur.

STEREOTREE : Tu as sortis récemment ton troisième EP sur le label anglais Civil Music, le bien nommé "Sis Surpriz", très accès sur l’univers balkanique. Comment l’idée t’est-elle venue ?

DEBRUIT : Je vivais à Londres dans un quartier turc. Je voulais connaitre mes voisins un peu mieux, culture, nourriture puis musique, surtout venant du passé, et les trucs bizarres... C'est quoi ces instruments, ces mélodies?

STEREOTREE : Avec tes trois dernières sorties ("Let’s Post Funk", "Spatio Temportel" et "Sis Surpriz"), tu as justement exploré des univers musicaux assez différents à chaque fois, du Funk futuriste de l’an 3000 à la House festive d’inspirations africaines en passant par le Beat nourris aux saveurs d’Orient. D’où te vient cette volonté d’ "éthnisation" musical, si je puis dire ?

DEBRUIT : Il n'y a pas de volonté d' "éthnisation", il n'y a aucun effort. Ces musiques me passionnent, je m'y plonge, effectue des recherches, des idées me viennent, je les retranscris en musique. C'est une interprétation au plus proche de ma sensibilité et de mes gouts, avec beaucoup d'idées qui se mêlent, s'embrassent ou se cognent dessus.

STEREOTREE : Tu as également un univers visuel assez marqué, avec de très belles pochettes en 3D (réalisées par Rainbow Monkey). Pour toi, la musique doit aussi passer par le visuel de manière notable?

DEBRUIT : Oui, l'accord entre les 2 est très important, il faut une osmose, les deux se nourrissent en mouvement perpétuel, une boucle ouverte à multiples dérivations, qu'on ne ressent pas comme telle, qui interpelle.

STEREOTREE : Du coup, ton premier LP est également prévu pour cette année. A quoi doit-on s’attendre ? J’ai entendu dire que tu avais enregistré avec des musiciens africains, est-ce exact ? Et est ce que l’on retrouvera certains artistes avec lesquels tu as collaboré dans le passé, comme Om’mas Keith ?

DEBRUIT : Je ne peux pas répondre sur ce sujet à ce moment... Il n'y aura pas d'artistes vocaux invités, mais il y aura plus de ma voix, même si personne ne s'en aperçoit au final.


STEREOTREE : On parle depuis quelques années maintenant d’une mouvance nouvelle, que l’on appelle entre autre Nu Hip Hop. Est-ce que de ton côté tu t’en sens proche, et est-ce que ça te parait important d’appartenir à une scène, justement ?

DEBRUIT : Non, je ne fais partie d'aucune scène. Pour moi c'est plus important de ne pas être qualifié, de poser problème, de surprendre, de faire gratter les têtes, briser les nuques a tout tempo.

STEREOTREE : Tu as récemment remixé des chanteurs Pop comme Jamie Woon ou Grovesnor. Est-ce qu’à l’avenir tu comptes collaborer plus souvent avec ce genre d’artistes ?

DEBRUIT : Collaborer peut être mais plus dans le sens de produire un artiste ou un groupe en studio. Essayer de pousser quelqu’un dans l'inconnu. Je veux qu'on me fasse confiance et qu’on me file les clefs car je sais conduire a ma façon, surtout dans les courbes ou virages plus ou moins anguleux. J'ai un permis allant de mobylette a poids lourd, vaisseau spatial etc.

STEREOTREE : Ce qui me frappe aussi chez toi, ce sont tes live. Tu fais à mon sens parti de ces artistes qui font réellement vivre leur musique sur scène. Et tu commences même à tourner avec une nouvelle formation, qui comprend en plus deux musiciens. Comment est ce que tu travailles tout ça?

DEBRUIT : Le live c'est dégager une grosse dose d'énergie par le son, le break le groove extrême, c'est physique, hypnotique, faut penser à rien, juste toucher, faire dans le jamais vu plutôt que la tendance. Je veux être attendu au tournant d'une nationale mais arriver par les chemins escarpés, quitte à passer énormément de temps à défricher.

STEREOTREE : Et au-delà de ceux dont on vient de parler, quels sont tes projets à venir ?

DEBRUIT : L’Afrique.

STEREOTREE : Aurais-tu un petit mot, pour terminer ?

DEBRUIT : Gourouve.

Interview réalisée par Onelight.