[Chronique] Paul White - The Strange Dreams Of Paul White (2009)

Genre: Hip Hop Instrumentale à l'anglaise
Label: One Handed Music
Date de sortie: Juin 2009
Productions: Paul White.
Featurings: /.

Intensément buzzé outre-manche, et fer de lance d’un mouvement musical en plein boom (que l’on appelle très journalistiquement le dubstep) aux côtés de Bullion ou Burial, le jeune Paul White a su faire parler de lui grâce à quelques EP’s bien sentis (son premier, "The Dragon Fly", notamment), sans que l’on crie au génie pour autant. Le premier long format du bonhomme, "The Strange Dreams Of Paul White", à paraitre sur le label One Handed Music (qui compte depuis peu dans ses rangs le français Fulgeance) est un donc bon moyen de savoir si l’on tient, ou non, un bon beatmaker en devenir.

Au croisement des expérimentations jaydeesques et des textures sonores aériennes et mystérieuses de Boards Of Canada, la musique de Paul White a bel et bien quelque chose de particulier, une sorte de profondeur rapidement identifiable et typiquement britannique (on y sent aussi très clairement les influences de Massive Attack ou Portishead). Ce LP adopte ceci dit un des schémas (trop) courant de l’album instrumental, à savoir une formule beat-tape à la Beat Konducta, avec une vingtaine de beats n’excédant que trop rarement les 2 minutes.

On a donc ici concrètement un Hip Hop instrumental ambiant, sombre et percutant (n’en déplaise au qualificatif pompeux cité plus haut, n’est ce pas). "Cheese Special & A Draw" impose le ton d’entrée. "Flying Accross Tokyo" nous expose ensuite l’intérêt du bonhomme pour les sonorités plus exotiques, à la manière d’un Onra, sympathique sans être transcendant, vu l’afflux de ce genre de productions. Paul White est ainsi nettement plus doué lorsqu’il délivre des ambiances sombres et opaques, comme sur la rétro et puissante "Alien Nature" (déjà disponible sur son dernier EP en date), des sonorités aériennes ("Floating Trees") ou dans les ambiances madlibiennes, comme sur "City Bright Light" ou encore "Sleep Clapping". Hélas, il manque un peu de constance, le bon alternant avec l’ennuyeux, comme la répétitive "Waiting For Time" ou l’agaçante "The Uprising Of The Insane".

Ce premier album est donc plutôt convaincant, sans être forcement révolutionnaire. Paul White possède une certaine patte, mais sa musique oscille un peu trop entre l'excellent, le sympathique et l’anecdotique. On recommandera néanmoins cet agréable LP aux amateurs de Hip Hop instrumental aventureux. Même si le genre en question aurait tout de même bien besoin d’un (vrai) petit coup de fouet…