[Chronique] Jneiro Jarel - Fauna (2010)

Genre: Broken Beat
Label: Kindred Spirits
Date de sortie: Octobre 2010
Productions: Jneiro Jarel
Featurings: /.


Plus très en en verve depuis son projet "Shapes Of a Broad Mind", Jneiro Jarel nous a désormais habitué à des sorties sentant bon le réchauffé et presque dénuées d’intérêt, parfois simplement sauvées de la disgrâce par un ou deux titres bien sentis. Bien que productif, le californien (autrefois classé au rend des successeurs incontesté de feu J Dilla) semble décidément en panne d’inspiration. Une méfiance avérée qu'ils nous est bien difficile d'abandonner alors que sort ces jours-ci son nouvel opus, "Fauna", paru sur le label de ses débuts Kindred Spirits.

Terminé l’univers glaciale et robotique de ses précédentes sorties, Jneiro explore ici les terrains du Broken Beat, par ailleurs souvent mis en avant dans ses différents projets antérieurs ("Three Piece Puzzle" ou "Timeless Mix Vol.1"). Une idée qui se veut bien alléchante sur le papier, qui devrait laisser place à une avalanche de sonorités ensoleillées issues de samples brésiliens des 60’s mises à la sauce Brainfeedienne.

Mais, même si cela pouvait paraitre à priori plutôt intéressant, force est de constater que la chose manque très clairement d’aplomb et d’efficacité. Alors que seule "Amazonica" et "Can You Compute Bruuhzeel" s’avère assez réussies, car étant les seuls pistes à la fois chaudes, envoutantes et torturées, les dix autres titres de ce LP ne parviennent vraiment pas à nous captiver. Non pas qu’elles soient foncièrement mauvaises, mais sans aucun attrait particulier et sans la saveur qu’avaient autrefois les productions du beatmaker de L.A.. Un criant manque de groove qui finit par lasser, tant il en devient routinier. Comme quoi, productivité ne rime vraiment pas avec un travail inspiré…

[Chronique] Dorian Concept - When Planets Explod (2009)

Genre: Bump / Low Club / Nu Hip Hop
Label: Kindred Spirit
Date de sortie: Fevrier 2009
Productions: Dorian Concept
Featurings: /

Aux côtés de Flying Lotus et d’Hudson Mohawke, le sémillant autrichien Dorian Concept est surement le beatmaker le plus prometteur de cette nouvelle génération qui mélange sans retenue aucune Hip Hop et sonorités électroniques (genre que l’on appelle Bump ou Low Club). La particularité du bonhomme? Une étonnante capacité à délivrer autant un electronica complètement déstructuré et bordélique qu’un Nu Hip Hop dévastateur. Avec par-dessus tout une maîtrise folle des synthétiseurs Korg.

Alors, après quelques sorties remarquées (citons l’imparable EP sorti sur le label Affine Records il y a quelques mois) et des remix surpuissants (on se rappelle avec délectation de celui réalisé pour Phat Kat), le jeune homme passe à la vitesse supérieur avec un premier LP, intitulé "When Planets Explode", sur le toujours très bon label hollandais Kindred Spirit, que l’on accueille avec une impatience non feinte.

Dorian nous offre simplement ici tout ce qu’il peut faire de plus barré. Et tous les amateurs de musiques électroniques en prendront pour leurs grades. Car, au-delà des surpuissants bangers qu’il balance avec justesse tout au long de cet album, on perçoit clairement un style unique, faisant la parfaite synthèse d’inspirations diverses, de J Dilla à Aphex Twin. Tout en apportant une touche personnel clairement identifiable, à savoir des accords de Korg mortellement groovy et sautillants. Style parfaitement synthétisé sur la bien nommée "The Fucking Formula" qui, en parlant de bangers, s’avère être une véritable déflagration sonore. Les nappes de synthés sombres, la basse écrasante et les drums massifs viennent vous exploser les tympans. Une vraie gifle.

Le jeune homme se fait aussi maître dans la variation des tempos sur une même composition, comme sur l’enjouée "Clap Beep Boom", qui part avec des drums racés pour finir sur un rythme cassé et hybride du meilleur effet, avec l’avalanche de notes de synthés terriblement enjoués qui va avec. Idem en ce qui concerne la puissante "Fort Teen", du même acabit, avec un groove plus ensoleillé complètement réjouissant. En passant les quelques compositions complètement foutraques et très électroniques, comme "Mesh Beam Splitter", qui pourront rebuter l’auditeur peu coutumier du genre. On a aussi le droit ici à des track plus intimistes et dépouillées, avec les superbes "Her Masrhmallow Secret" et "Two Dimmensional", douces et mélodieuses à souhait, qui font par ailleurs office de parfaite conclusion.

"When Planets Explode" est donc un premier album aventureux, qui met en avant un compositeur génial, au travers de beats recherchés et plutôt expérimentaux. Ce qui, pour une première œuvre, s’avère être un choix plutôt risqué. Sachant que la musique de Dorian Concept peut aussi être plus contenue et efficace. Indéniablement enthousiasmant, dans tous les cas.

[News] Prémices fleuris.

Depuis leur premier et remarquable LP "Jazz Money$$" (sorti en 2007 sur BBe) nous étions sans nouvelle de Benjamin Casey et Nicky Guiland, alias HEAVy. Le label hollandais Kindred Spirits, qui avait sorti leur premier EP limité à peu d'exemplaires en 2004, s'apprête à réparer cet affront en nous proposant "First Sessions", une compilation d'inédits et de remixes (réalisés par le trop rare DJ Spinna, ainsi que Jazzanova et YamWho) datant justement de l'époque des premiers travaux du duo.

Le tout étant bien évidemment d'une qualité irréprochable, on conseillera vivement cette sortie aux amateurs de soul moderne et ensoleillée.

[News] Protect ya neck!

Après nous avoir scotché en postant quelques courtes mais explicites vidéos de lui en train de jouer du Micro Korg d'une manière assez hallucinante (allez donc sur sa page myspace, vous comprendrez), et suite à quelques timides apparitions çà et là (avec la chanteuse suédoise Kissey Asplund notamment), le jeune beatmaker autrichien Dorian Concept devrait, à l'instar d'une autre étoile montante de la fusion hip hop/electro j'ai nommé Hudson Mohawke, débarquer en 2009 avec un premier LP.

Intitulé "When Planets Explode" et à paraitre sur le label hollandais Kindred Spirit, ce premier long format devrait à priori démontrer tous les talents du jeune artiste. Pour preuve, le premier maxi "The Fucking Formula", sorti tout récemment, s'avère être plus qu'une simple mise en bouche, avec un track éponyme tout simplement jouissif, que l'on vous recommande très chaudement. Impatience, quand tu nous tiens...

[Chronique] Jackson Conti - Sunihjo (2008)

Genre: Musique brésilienne
Label: Kindred Spirits
Date de sortie: 2008
Production: Otis Jackson Jr. alias Madlib, Mamao Conti
Featurings: /

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, Jackson Conti n’est pas une vieille gloire oubliée de la musique brésilienne, remasterisé avec soin par un label exigeant et soucieux de proposer à un public d’initiés une perle rare. Non, sous ce nom et cette somptueuse pochette, se cache en fait Otis Jackson Jr. a.k .a Madlib, fer de lance de l’écurie californienne Stones Throw si il est besoin de le rappeler, et Mamao Conti (vous aurez compris l’addition nominale), batteur d’exception pour Azymuth et d’autres groupes de l’âge d’or de la musique brésilienne des 60/70’s.

Alors, cette improbable et excitante fusion (que l’on avait déjà aperçue sur "Univers" de YNQ avec le track "Barumba", présente ici aussi), elle donne quoi ? Et bien, c’est très groovy, c’est smooth, et ça sent le soleil et le bord de mer d’un Rio de Janeiro des années 60.

Les deux musiciens fournissent de petites perles à la chaine, qu’on jurerait issues d’une session d’enregistrement vieilles de plusieurs décennies, sans pour autant perdre leur aura. Le tout étant majoritairement composés de reprises de classiques absolus du genre, de Chico Buarque, Joao Donato, Baden and Vinicius à George Duke , en passant par Azymuth (forcément). Le duo nous offre ainsi un voyage dense (et peut être trop) de 80 minutes à travers l’histoire de la musique brésilienne. On notera dans tout ça l’excellente "Waiting on the corner", la très réussie "Sao Paolo nights" ou encore "Praca de Republica", dont le groove proprement irrésistible fera succomber n’importe quel amateur de bossa.

Ce "Sunihjo", fruit d’une collaboration bien sentie entre deux musiciens accomplis, s’adresse donc un peu plus aux néophytes, qui s’y dirigeront avec curiosité sans doute guidé par la présence du beatmaker d’Oxnard, qu’aux véritables amateurs de musique bresilienne, qui auront déjà écouté ce genre de sonorités au kilométre. Même si, avouons le, le tout est d’une qualité certaine, et largement au dessus de la plupart des projets jazz que Madlib a pu fournir ces dernieres années.