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11/10/2009

[Chronique] Raekwon - Only Built 4 Cuban Links 2 (2009)

Genre: Hip Hop
Label: Ice H2O
Date de sortie: 8 Septembre 2008
Productions: RZA, J Dilla, Dr. Dre, Pete Rock, Marley Marl, Erick Sermon, Icewater, Allah Justice, Mathematics, Necro, Scram Jones, The Alchemist, BT.
Featurings: Ghostface Killah, Method Man, Cappadonna, Genius, Busta Rhymes, Beanie Siegel, Inspectah Deck, Slick Rick, Jadakiss, Styles P, Masta Killa, Papa Wu, Suga Bang Bang, Tash Mahogany, Blue Raspberry, Lyfe Jennings.


Donner suite à un classique dans un domaine artistique (et ce quelque soit la discipline) n'est pas chose aisée en règle générale, mais quand il s'agit de la séquelle d'un album mythique comme "Only Built 4 Cuban Linx" de Raekwon, on peut aisément parler de mission impossible, surtout connaissant le statut d'arlésienne dont jouit le projet dans le milieu. Qui plus est, la méforme artistique qu'affiche le Wu-Tang Clan en général (à l'exception notable de Ghostface Killah), et ce depuis un certain nombre d'années, n'est pas des plus encourageante lorsque l'on se prépare à découvrir cet opus tant attendu. Mais Raekwon, en bon Chef, a su s'entourer non seulement du fidèle Ghostface en guise de bras-droit comme sur le premier volet, mais aussi d'une horde de guerriers armés de flows affutés et de samples furieux pour l'accompagner dans cette sombre histoire mafieuse qui nous est racontée de plages en plages...

Et quelle entrée en matière que ce brulôt belliciste qu'est "House Of Flying Daggers", où Rae' croise ses lames acérées avec celles de ses frères de son, j'ai nommé Ghostface, Method Man, Inspectah Deck, et Genius au refrain, soit les plus doués du Clan derrière un micro. Le beat de feu J Dilla, bien que répétitif (sans doute une oeuvre inachevée) et l'ambiance "raw" renvoient aux heures les plus glorieuses du Clan, et même à des morceaux on ne peut plus emblématiques comme "Protect Ya Neck". Au passage on signalera les deux autres tracks produits par la légende de Detroit, à savoir le posé et soulful "Ason Jones" en hommage au regretté ODB (mais dont le beat figurait déjà sur "Jay Loves Japan"), et le très efficace "10 Bricks" (avec aussi les deux compères Ghostface et Cappadonna), qui est l'un des temps fort du LP, malgré le fait que là aussi, le beat fut utilisé pour le remix de "The Red" de Jaylib.

Mais Jay Dee n'est pas le seul beatmaker mythique a officier sur cette séquelle. En effet, Pete Rock produit le sombre et dangereux storytelling de rue "Sonny's Missing" (notons là-aussi le recyclage d'un son provenant de "NY's Finest"), Marley Marl fournit l'anecdotique interlude "Pyrex Vision" et Erick Sermon nous offre un "Baggin Crack" sans surprise. En sus et en guise de rappel d'un projet d'album en commun avorté, Dr. Dre a concocté deux beats pour le Chef, mais comme à l'accoutumée, le bon docteur s'est contenté de suivre une recette éculée depuis "Chronic 2001", avec le très mainstream et plat "Catalyna" (avec Lyfe Jennings au refrain) et le lassant et copié-collé "About Me" tout de même visité par Busta Rhymes. En somme, le boss d'Aftermath montre non seulement une fois de plus les limites de son talent, mais en plus, n'a pas su se plier à l'ambiance résolument rugueuse et dark de l'opus...

Chose qu'on su bien mieux réaliser des gaillards comme Icewater avec l'excellent, soulful et tellement Wu "Cold Outside", où Raekwon étale ses skills microphoniques au parfum d'asphalte avec sa nonchalance usuelle ou l'efficace et juste "Have Mercy" où le toujours brillant Beanie Siegel apporte sa saveur hustler qui sied si bien à la thématique de l'album. On citera aussi The Alchemist responsable du lancinant "Surgical Gloves" ou encore les prods de Allah Justice ou Mathematics, qui sans être renversantes, font le métier et restent cohérentes avec le personnage et l'atmosphère ambiante et offre un écrin adéquat aux récits criminels qui peuplent l'opus.

Mais nous ne pouvons pas ne pas citer RZA, indétronable éminence grise du Wu-Tang, qui vient produire quelques gemmes dont lui a seul a le secret. "Black Mozart" et "New Wu" sauront sans difficulté combler le Wu-addict en manque, beats léchés, samples signifiants, flows toujours incisifs (Method Man est en forme!), pas de doute, nous sommes bien sur la suite d'"Only Built..." sur ces deux titres! Citons aussi les présences tout à fait idoines de MC's comme Jadakiss et Styles P sur "Broken Safety" ou encore du vénérable Slick Rick sur "We Will Rob You", où figurent aussi les deux Wu-Gambinos GZA et Masta Killa.

Alors, certes, le trop plein de tracks nuit sans nul doute à la cohérence artistique de l'ensemble, et parfois certaines plages dégagent une trop forte odeur de pièces rapportées (merci Dr. Dre), mais malgré tout, certaines fulgurances et une âme à part donnent envie d'y croire. Le bilan est légèrement mitigé, mais Raekwon a su mouiller le maillot, habite l'album de bout en bout avec son personnage de Lex Diamonds et ce malgré les nombreux featurings et, fait principal, laisse tout de même un impression réellement positive à la fin de l'écoute, qui donne l'envie de revenir dans ce "film" sonore. Il ne s'agit certes pas d'un classique comme le premier opus, mais "Only Built 4 Cuban Linx 2" est un disque solide qui comble un vide et renforce le retour du son New-Yorkais qui se fait sentir en ce moment...

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